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Historiquement, la légitimité et la validité des savoirs des sciences humaines et sociales ont été construites grâce au développement de méthodes fondées sur un double principe de rationalité et de neutralité. Face à ce mythe fondateur, les travaux d’épistémologie et les études critiques ont mis en lumière que la neutralité n’est qu’illusoire et que les savoirs sont toujours situés ; s’il y a bien de l’objectivité en sciences humaines et sociales, c’est une objectivité construite, consciente des perspectives à partir desquelles ces savoirs ont été produits. La déconstruction du mythe du savoir neutre a fait émerger au sein du monde universitaire de nouvelles manières de penser, de dire et de construire les discours de connaissance. Les disciplines académiques ont ainsi fait l’expérience renouvelée du pluralisme, passant de discours relativement homogènes à une diversité et une concurrence affirmée entre modes de production de connaissances. L’irruption de ce pluralisme des perspectives peut être perçue comme portant en son sein le risque du relativisme. Or, si les anciens et nouveaux discours universitaires se voient souvent opposés et ne semblent pas toujours partager les mêmes conditions de véridiction, la rencontre entre ces perspectives plurielles semble porter la possibilité d’une meilleure compréhension des objets de recherche. En effet, le croisement des perspectives et la construction d’une logique dialectique entre ces discours semblent permettre d’enrichir et de préciser notre appréhension du monde. Loin de céder à la tentation de positions dogmatiques, l’université doit garantir les conditions de l’élaboration et de la préservation d’une conversation académique entre ces perspectives plurielles. Dans ce contexte, la notion de liberté académique semble offrir les conditions nécessaires à l’affirmation et à la construction d’une université comme lieu dialectique entre différentes formes de discours de connaissance. Cette notion, dévoyée dans les discours politiques, constitue ainsi un objet dont il devient nécessaire de se saisir pour repenser les conditions de construction des savoirs dans le nouveau pluralisme universitaire. En ce sens, cette journée d’étude interdisciplinaire et pluri-institutionnelle encourage une réflexion collective autour des enjeux éthiques de la recherche, de la liberté académique et de la responsabilité civique des chercheurs. Elle vise à créer un espace d’échanges scientifiques, sur les pratiques et les défis actuels de la recherche, tout en questionnant l’éthique, sa définition, son rôle pour la constitution des savoirs dans le contexte du pluralisme universitaire. Face à la dimension interdisciplinaire des problématiques soulevées, la journée d’étude se propose de faire se rencontrer et échanger des chercheurs en sciences humaines et sociales provenant d’horizons académiques différents. Pour ce faire, la journée s’organisera autour de trois tables rondes thématiques. La première table ronde, intitulée « Liberté académique : réflexions sur la légitimité et l’éthique des discours », portera sur la double dimension épistémologique et éthique de l’objet de recherche. La deuxième table ronde, internationale, rassemblera des juristes autour du thème « Liberté académique : les enjeux et conditions juridiques de la production de connaissance ». Enfin, et pour conclure cette journée, une troisième table ronde intitulée « Liberté académique : le cas d’étude des mondes coloniaux » proposera une approche empirique sur un terrain de recherche spécifique.

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